La maladie du baiser frappe plus tard... et plus fort !
Comme la varicelle, la mononucléose infectieuse est anodine lorsqu'elle est contractée durant l'enfance, mais elle peut entraîner des complications graves à l'âge adulte. Problème : à cause
des progrès de l'hygiène, la première infection apparaît de plus en plus tard...
La mononucléose est une infection provoquée par le virus Epstein-Barr (EBV). De la même famille que l'herpès, elle lui emprunte de
nombreuses caractéristiques. Comme lui, elle se transmet par la salive, ce qui lui vaut son surnom de "maladie du baiser", mais aussi plus rarement, par transfusion sanguine. Le virus peut rester
silencieux de longues années avant de se "réveiller". Une personne peut ainsi contaminer son entourage sans le savoir. Il y aurait en France entre 70 000 et 100 000 cas par
an.
Moins fréquente, plus redoutable
En analysant les données recueillies chaque semaine par un réseau sentinelle de médecins généralistes britanniques auprès de
600 000 patients, le Pr. Marianne Morris* a constaté une forte augmentation des hospitalisations pour mononucléose chez les 10-24 ans et parallèlement une nette diminution des
consultations des médecins généralistes pour cette pathologie chez les enfants de moins de 10 ans. Selon elle, la diminution de la fréquence de la mononucléose chez les plus jeunes n'est pas
sans conséquence.
Contractée durant l'enfance, cette infection est bénigne et permet aux personnes infectées de développer une immunité naturelle
vis-à-vis du virus. Mais, grâce - ou à cause - des progrès de l'hygiène, le contact avec ce microbe se fait plus tardivement chez des personnes non protégées dites immunologiquement
incompétentes.
Cette première rencontre entraîne parfois une hospitalisation. La raréfaction de l'agent infectieux associé à des épidémies plus redoutables (chez les seniors notamment) est déjà connue avec le
virus de l'hépatite A, qui touche essentiellement les grands voyageurs.
Attention, la mononucléose ne s'accompagne pas nécessairement de complications mais "quand la fièvre persiste au-delà de 5 jours
et que l'infection paraît suffisamment sérieuse, le médecin traitant peut nourrir des craintes et préfèrera adresser le malade à l'hôpital par sécurité" souligne le Dr Patrice Morand du
laboratoire d'hématologie biologique du CHU de Grenoble.
Savoir poser un diagnostic
Il est vrai que les premiers symptômes sont trompeurs. Ils sont proches de ceux d'une angine rouge avec des amygdales inflammatoires,
recouverts d'un dépôt gris, accompagnés d'une forte fièvre avec fatigue, douleurs musculaires, maux de tête et de nombreux ganglions autour du cou. Dans la moitié des cas, le malade voit grossir
sa rate, et plus rarement son foie. Une jaunisse peut se déclarer.
Le diagnostic est très simple à poser en recherchant des anticorps spécifiques à l'aide de tests sérologiques. Le premier est le
MNI-test efficace à 80 % pour les infections récentes. On ne rencontre que 3 % de faux positifs (test déclarant à tort la présence d'une infection). Il peut être complété
par :
En cas de complications (hépatites, affections neurologiques, pulmonaires, hématologiques) il existe d'autres examens du sang pour affiner le diagnostic. "Elles restent cependant exceptionnelles" précise le Dr Patrice Morand. "Après la primo-infection, le virus va persister dans les lymphocytes, mais dans 99 % des cas la personne ne connaîtra aucune récidive".
Le convalescent peut connaître une fatigue résiduelle, voire un sentiment de pharyngite, mais cela reste rare.
Prendre son mal en patience
Il n'existe pas de traitements particuliers face à la mononucléose infectieuse, si ce n'est la prise d'antalgiques pour contrôler la
douleur. Le suivi est néanmoins important car des complications, quoique rares, peuvent se présenter : au cours du mois de convalescence, il est recommandé aux adultes et aux enfants qui
font du sport de ne pas faire d'effort physique. "Il s'agit de prévenir la rupture de la rate" explique Patrice Morand. Le rétablissement complet des enfants peut durer jusqu'à 6 mois. "Si la
fatigue persiste, il ne faut pas hésiter à consulter de nouveau et refaire un hémogramme".
Comme pour l'herpès simplex ou le cytomégalovirus, des recherches sont en cours pour trouver un vaccin, sans succès jusqu'à présent.
Il est cependant permis de garder l'espoir : le vaccin contre la varicelle existe, et l'EBV fait partie de la même famille de virus.
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