Baisers d'ici et d'ailleurs
Pour nous, c'est une évidence. Quand on aime, on s'embrasse: à pleine bouche, gorge déployée... Rien de plus exotique et curieux pourtant, que notre délicieux "french kiss", aux yeux d'un Indien ou d'un Esquimau... Petit tour du monde du baiser dans tous ses états.
Au commencement était la becquée. Telle serait l'origine du célèbre "french kiss", si l'on en croit la version la plus répandue parmi
les spécialistes.... Un geste archaïque de fusion parfaite, qui aurait ensuite évolué en reniflements, effleurements labiaux sur les mains, le visage avant de devenir ce qu'il est.
Une chose est sûre, tel qu'on le connaît, il était déjà pratiqué par les contemporains de Plaute (poète latin du Il' siècle avant
notre ère). "Fais de moi un serpent, donne-moi deux langues", dit un esclave à une jeune fille dans un de ses textes... Une pratique parfaitement naturelle, et vieille comme le monde, chez nous,
mais beaucoup moins répandue qu'on ne l'imagine autour du globe.
Prenez un Indien, par exemple, et mettez-le face à une scène de baiser profond dans un film occidental. Réaction garantie : il
éclate de rire. Pour lui, cette drôle de manière de "se manger" est parfaitement hilarante, ou embarrassante s'il est influençable.
Selon Martine Mourier qui a consacré sa thèse de médecine au sujet, seulement une moitié de l'humanité, en fait, ne pratique "la
chose". Certains Africains auraient peur, en y plongeant, de perdre leur âme (à travers le baiser passe le souffle de vie). Comme prélude amoureux, ils préfèrent la danse...
Les Pygmées et les Thongas (du Mozambique) jugent, eux, que c'est une atteinte à l'hygiène la plus élémentaire.
Chez les Manjas d'Afrique équatoriale, c'est carrément une question de survie : les femmes indigènes ont la lèvre supérieure perforée et ornée d'un disque de bois terminé par deux
crochets... Leur baiser, c'est une poignée de main où l'homme emprisonne le pouce de la femme. Plus prudent...
Les Chinois, eux, trouvent notre pratique obscène. C'est un geste exclusivement sexuel, qu'ils ne sauraient remplir en public. Quant
aux Papous, ils hurlent de rire face à un rite aussi simplet . Ils préfèrent, pour dire leur amour et leur émoi, couper les cils de l'aimé avec les dents ou lui trier les poux. Chacun son
vice...
A Bali, on ne s'embrasse pas. A la place, on se colle visage contre visage, pour sentir l'odeur et la chaleur de l'autre. Les
Tahitiens, eux, dansent le tamouré et se frottent le nez. Un peu comme les Esquimaux qui se reniflent tendrement ou se tirent la langue...
Schérazade avait tout compris. Elle savait depuis toujours la définition du samaustha, l'"union des lèvres". "La femme, se
récitait-elle, le soir devant sa psyché, appuie ses lèvres fort sur celles de son amant surpris en train de bailler, force le passage provisoirement ouvert, s'engouffre et fait danser sa langue à
l'intérieur de la bouche masculine dans un somptueux ballet ..." Mais, au bout de mille et une nuits, la savante amoureuse, doute de pouvoir encore griser les lèvres du sultan, son époux. C'est
tout le sujet d'un superbe conte d'Alain Gnemmi, où l'on voit la sublime sultane en quête de la dernière et divine manière d'embrasser. De l'Inde au fin fond de la Chine, elle découvre la
"morsure secrète", le "nuage brisé", et le "baiser suspendu". Invitation suspense à la planète baiser...
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